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Friday, February 09, 2007

Interview de Rachid Taha "couscous musique"

photo Couscous Musique
A l'occasion de la sortie de son nouvel album 'Diwan 2', rencontre "déjantée" avec le chanteur franco-algérien Rachid Taha qui sera sur scène du 17 au 20 janvier au Divan du monde à Paris. ..Il est enfin là. L'attente n'aura pas été vaine. Il rapporte dans ses bagages un petit cadeau : 'Diwan 2', un nouvel album haut en couleur. Dans l'ambiance feutrée et faussement exotique d'un salon parisien, l'éternel enfant joyeux nous dévoile un pan de son univers musical…


Dix ans après la sortie de 'Diwan', vous revenez avec un nouvel album 'Diwan 2', est-ce que vous pouvez nous expliquer le sens du mot diwan ?Diwan, ça veut dire assemblée, le mot est d'origine perse. Il a été vulgarisé par la suite et a donné en français les mots divan, douane… Pour moi, diwan, c'est une sorte de chronique. C'est justement ce que je fais dans cet album, j'assemble des choses pour faire une chronique

Vous poursuivez dans ce nouvel album un travail qui a été entamé dans le précédent, une sorte de voyage initiatique et musical dans le répertoire de la chanson arabe, pourquoi ce choix ?Ça correspond à une période de ma vie qui va des années soixante aux années quatre-vingt. J'ai voulu faire un tour de la culture arabe et africaine. Dans cet album, on retrouve des chansons de Abdelhalim Hafez, le dandy de la chanson égyptienne, une chanson de Oum kalthoum, la diva de la chanson arabe, mais il y a aussi une chanson de Mazouni, un chanteur algérien qui chantait en arabe, en kabyle et en français. Il y a aussi Francis Bebey qui chantait 'Agatha'. Une chanson dans laquelle il aborde le thème de la tolérance d'une manière assez rigolote.


Est-ce que c'est pour vous un besoin de retour aux origines? Non, ce n'est pas un retour aux origines. Moi, je sais d'où je viens, c'est un recours aux origines. Je me sers de cette culture, de cette mémoire-là pour rendre hommage à cette génération de nos parents et de nos grands-parents qui sont en train de disparaître et je ne voudrais pas qu'ils disparaissent sans qu'il y ait des traces d'eux.


photo couscous musique photo couscous musique photo couscous musique


Comment vous avez découvert tous ces vieux titres ?Je les ai retrouvés en fouinant. A une certaine époque de ma vie, je fréquentais beaucoup les anciens bars tenus par des immigrés algériens et qui sont devenus maintenant des bars un peu branchés à Belleville ou à Ménilmontant. C'est comme ça que j'ai découvert ce répertoire. J'ai toujours été comme ça. Quand j'étais môme, j'aimais ramasser la ferraille pour la vendre au kilo. Ce côté-là ne m'a jamais quitté. En fait, je fais de la restauration par rapport à la musique. Comme un peintre qui retrouve un tableau, le nettoie, le rend beau et lui restitue ses couleurs originales.

Comme dans le précédent album, sur les onze chansons qui composent celui qui vient de sortir, neuf sont des reprises… C'est un peu "obsessionnel" chez vous, non? C'est une collection que je fais, c'est mon côté ethnologue. Oui, il y a peut-être une obsession… du côté de la mémoire, oui... Mon album j'aurais pu l'appeler 'Mémoire'… Mais 'Diwan', ça sonne mieux (rires) ! J'ai toujours aimé faire partager les choses. J'essaie de transmettre cette mémoire-là. Si j'avais été écrivain, j'aurais écrit des livres…

On a l'impression que vous essayez de restituer l'atmosphère d'une certaine époque...Ces chansons correspondent à l'époque du début de l'immigration algérienne en France vers les années soixante. L'Algérie devient algérienne. Plein d'émigrés débarquent en France. Je ne suis pas un historien non plus, mais j'ai essayé de restituer un ressenti…

Vous consacrez une place particulière pour la chanson égyptienne, aussi bien dans 'Diwan' que dans 'Diwan 2'…Ça fait partie de mon enfance, des cultures qui sont les miennes. En Algérie, quand j'étais petit, il y avait les films indiens et les films égyptiens à la télé. Ça fait partie de ma mémoire et de la mémoire collective arabe et nord-africaine.

Sur les deux titres de votre propre composition qui figurent sur cet album, il y a le titre 'Joséphine' qui fait écho à un autre tube raï du même nom. Vous y chantez une femme, pourquoi cette femme ?Ce sont des femmes que je vois travailler dans les bars la nuit pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. C'est une façon de saluer leur courage. C'est ma façon de leur rendre hommage.

Vous revisitez les titres d'une façon plus retenue, plus acoustique que dans le précédent album, à quoi correspond ce changement de cap ?C'est un autre travail beaucoup plus proche de la terre. J'ai essayé de coller le plus possible à l'original, de ne pas trahir ces chansons. C'est une approche complètement différente de celle que j'emprunte dans mes compositions personnelles. Il ne faut pas justement que ça ressemble à ce que je fais d'habitude, je change de ton !

'Diwan 2' est le fruit d'une collaboration avec Steve Hillage, du groupe Gong, et l'orchestre de cordes du Caire, pouvez-vous nous en parler un peu ?Avec Steve, ça fait très longtemps qu'on travaille ensemble. Quant à l'orchestre de cordes du Caire, c'est une équipe qu'on a au Caire et chaque fois qu'on en a besoin, on les appelle et on débarque en Egypte. Ça dure depuis 10 ans et ça fait partie de mon univers musical.

Sur le plan musical, vous aimez bien mélanger les genres : rock, chaâbi, techno… Pourquoi ?Parce que je suis comme ça ! Je peux être techno le matin, chanson française l'après-midi, enchaîner sur de la musique classique et puis passer au chaâbi… J'ai toujours baigné dans différentes ambiances musicales, les bars, les voyages et aussi les bals que j'ai fréquentés quand j'étais ado. Je peux danser sur du Carlos comme sur du Johnny Cash.

Chez vous le mélange touche aussi aux langues puisque vous chantez aussi bien en français, en arabe et en franc-arabe. Si je vous dis que vous êtes un artiste de la mixité culturelle, vous en pensez quoi ?Je n'en pense rien du tout. Ça veut dire quoi mixité culturelle ? C'est un pléonasme. Je ne me pose même pas la question. Je suis comme ça !

Oui, mais vous êtes un peu assis entre deux cultures ? Moi, je suis assis sur un canapé ! Sur un divan (rires) ! Ça ne me tracasse pas ces histoires. Ça pose plus problème aux hommes politiques. On est multiculturel ou en ne l'est pas !
Vous qui aviez créé le scandale en reprenant 'Douce France', vous sentez-vous concerné par l'actualité en France, notamment celle relative à la crise des banlieues, ou la sortie du film 'Indigènes' ? Non, je ne me sens pas concerné. Je pense que c'est idiot ce qui se passe en France en ce moment. Au lieu de se responsabiliser, on se culpabilise. C'est très bien de donner des allocations aux anciens combattants d'Afrique du Nord qui se sont battus pour la France durant la Première Guerre mondiale mais ils sont presque tous morts. Ça me fait bien rigoler. C'est encore une manière d'infantiliser les anciennes colonies. Quant à la crise des banlieues, c'est des gamins qui en ont marre d'être mis au ban de la société, sur la touche ! Et moi, je trouve qu'ils sont très gentils, parce que c'est la loi qui est hors la loi. On parle de discrimination positive, mais qu'est-ce que ça veut dire ? Dans la phrase "discrimination positive", j'entends le mot "discrimination". Et elle n'est jamais positive la discrimination. On essaie de faire peur au peuple français, en essayant de lui faire croire qu'on va le protéger des "sauvageons". S'ils continuent à mépriser les jeunes et à remplir les prisons à coup de répression, ils sont mal barrés.
L'album est accompagné d'un DVD réalisé en Algérie, où vous avez effectué une petite tournée en mai 2006, quel souvenir en gardez-vous ? Je suis un peu mitigé, là-bas aussi les choses vont mal. Et si l'on ne fait pas attention aux jeunes, ça risque d'exploser aussi et plus vite que l'on ne croit...
Rachid Taha, comment peut-on définir votre style musical ? Je ne sais pas, moi ? "Couscous musique", j'aime bien ! Il y a des légumes, de la semoule. Oui, j'aime bien et hop, c'est parti ! "Couscous musique"…

Propos recueillis par Monia Zergane pour Evene.fr - Novembre 2006

photo Couscous Musique


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