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Saturday, September 03, 2005

Trutnov interview

Après le compte-rendu de son concert à Trutnov, voici la traduction par roso de l'interview que R.Taha a délivrée. Source: interview par Jiří Moravčík, sur trutnov.openair.cz

"Rachid Taha (Alžír/Francie)

« Au milieu du Moyen-âge, il n’y avait pas de place à la limite entre la prétendue culture arabe et européenne. Aujourd’hui, avec Rachid Taha et d’autres chanteurs de raï, cette musique jadis unifiée revient au-devant de la scène. Je pense qu’elle est aussi rude et dangereuse que la techno ou le rock’n’roll. » Assure le producteur Steve Hillage, fidèle compagnon et essentiel sonorisateur du chanteur algérien Rachid Taha.

Toutefois, pendant que Khaled, Cheb Mami, Faudel et d’autres, polissent à Paris un raï un peu fade, Rachid Taha reste fidèle à l’esprit de sa rébellion de toujours. Il se présente comme un perturbateur punk controversé, combattant radicalement le racisme et l’intolérance sous toutes ses formes. A 47 ans il a toujours le cran de faire connaître la vérité telle qu’il la sent ; à haute voix, sans scrupule ni parabole vaseuse. Et sans se retourner nostalgiquement sur son passé arabe : « Je suis peut-être un peu mélancolique mais décidément pas nostalgique. Je considère la nostalgie comme la cause d’une sorte de pathologie. »
Depuis ses débuts, Rachid Taha n’en fait qu’à sa tête. Il est sans égard vis-à-vis des courants musicaux à la mode, limités et aux conséquences néfastes. Dans la musique de Taha, on ne sent pas de désir de vengeance, plutôt de l’amertume, de l’ironie, et une envie de s’indigner.
Son premier groupe s’appelait Carte de Séjour. Bien des gens n’ont pas eu que du bonheur à entendre profaner cette chanson populaire et nationaliste qu’est « Douce France » par des immigrés arabes. « Nom de dieu que se permettent ces métèques arabes ?: » Cette attitude provocatrice était une façon de jeter des piques surtout aux racistes de Le Pen. Afin de leur faire les pieds encore plus, il persuade le Ministre Jack Lang de faire distribuer cette chanson devant le Parlement.
Bien qu’on ne comprenne pas l’arabe de Taha, on sait que dans ses textes revient souvent le thème sensible de l’immigration. Quand il est arrivé en France avec ses parents, il a été l’objet de moqueries de la part des autres élèves et a fait connaissance des préjugés de la majorité des Français envers les arabes. « Déclarer la guerre au terrorisme est juste, mais si on faisait aussi la guerre à la peur, à la fatuité, à l’ignorance, au racisme, à la pauvreté et à l’asservissement. » Et si les photos de Faudel jeune ornent les murs des chambres des gamines, ceux qui se portent en foule aux concerts de Rachid Taha sont des rockers qui ont grandi au son des Who et de Hendrix, puis, dans les années 90, du divertissement zepplinesque No Quarter qui a lancé le percussionniste maroco-égyptien Hossam Ramzy. C’est là que le rock’n’raï de Taha prend ses racines ; pourtant quand sortit l’album Made in Medina, le morceau Foqt Foqt, indubitablement d’influencé par Led Zepplin, passe pratiquement inaperçu, seuls quelques personnes le remarquent, qui n’avaient jusqu’à présent aucune idée de la musique arabe.
La musique nord-africaine revue par Taha et Hillage connaît beaucoup d’innovations, néanmoins sa texture d’origine reste imprégnée des rythmes maghrébins et garde les indescriptibles mélodies arabes. Au début cela provoque une sorte de fusion exotique puis on constate que la conception de Taha renferme de longue date des liens musicaux et culturels.

Beaucoup de gens s’accordent à dire que résister à Rachid Taha en live est pratiquement impossible. Lorsqu’à Prague l’an dernier il est monté pour la première fois sur la scène de la salle bondée de l’Akropolis, il a tout donné, sa voix rude, son corps et son esprit. A tel point que la musique nord-africaine a incité une fille « pas encore embrassée »[1] assistant au concert à faire son travail diplômant sur le thème du raï algérien.
Auparavant, la sortie en Tchéquie l’album 1, 2, 3 Soleils – enregistrement live du phénoménal concert parisien, nous avait présenté le raï algérien avec une force inhabituelle. Rachid Taha en compagnie de Khaled, Faudel et 2 orchestres dirigés par le célèbre percussionniste égyptien Hossam Ramzy annonçait un tournant. Comme si dans l’indescriptible atmosphère d’un hall de Barbès ils voulaient s’écrier : « Nous sommes ici et avec nous arrive le raï. » Des millions de disques se sont vendus dans le monde entier ainsi que le DVD et pour beaucoup d’auditeurs tchèques ça a été la plus importante prise de conscience qu’il n’y a pas que le rock et la pop anglo-saxons de vivant.

Interview:
J’apprécie beaucoup vos déclarations comme quoi la guerre contre le terrorisme ne règle pas tout, qu’il faut aussi pointer l’ignorance, le racisme et l’oppression mentale. Avez-vous pour ça votre propre recette ? Et pensez-vous que la musique et les concerts qui rassemblent principalement des jeunes gens sans distinction de couleur de peau ou de religion et qui prennent ensemble un formidable plaisir peut être un exemple dans cet ordre d’idées ?
J’estime que si on prenait plus ces choses-là en considération il n’y aurait pas autant de morts. Je réfléchis à ça et je pense qu’on s’est mis à parler beaucoup du djihad et de la charia. Mais cependant le premier djihad que nous vivons depuis des années a été apporté par le capitalisme. Wall Street représente un djihad et une charia commerciale. Ca impose quelque chose aux gens, leur donne des impératifs. Et qu’est-ce que je fais avec ça moi ? A mon niveau ? Par exemple je voyage beaucoup et soutiens mes opinions avec ma musique. Par exemple, récemment j’ai visité Mexico, j’ai joué en Turquie, en Australie. Partout j’ai pris conscience que les gens ne savent pas, ne se doutent pas de ce que c’est que l’émigration forcée, être musulman dans un monde non musulman. Tout de suite ça leur évoque les clichés hollywoodiens que leur propose la télévision. Il m’est souvent arrivé qu’on me demande : « Comment ça se fait que tu n’as pas de barbe ? » Après quand on me voit boire de l’alcool, danser sur scène et jouer du rock, on s’étonne : « Tu es encore vraiment musulman ? » Comme si nous devions être à tout prix une froide caricature ressemblant plus à Satan qu’à un être humain.

Bien que vous veniez d’Oran, berceau du raï, vous n’avez jamais fondé votre musique exclusivement sur ce style musical. Plutôt sur le style marocain du chaabi, plus modéré et à dire vrai populaire. Vous êtes par nature un rebelle avec des opinions sans compromis. Pouvez-vous m’expliquer ? Votre premier groupe par exemple s’appelait Carte de Séjour. Et beaucoup de gens n’ont pas été très contents de votre interprétation sarcastique de la chanson Douce France. Pouvez-vous m’expliquer ?
Oui. Je m’inspire du chaabi pour ma musique mais aussi du rock. Je fais de la musique européenne qui a ses racines dans les plus anciennes cultures africaines et les gens le comprennent. Je vais vous donner un exemple typique. Quand je joue en Turquie, je me sens à la maison. C’est pareil en Grèce où les gens comprennent ces musiques. Je viens d’Afrique du Nord où on joue une musique qui présente toutes les influences du monde arabe. Et quand on regarde l’histoire de plus près, on constate que la musique a des origines grecques et persanes. Ecoutez votre musique slave, ou hongroise, turque ou plutôt celle des Balkans. Vous ne pouvez pas ne pas entendre l’influence des Ottomans et des Grecs. Moi, en plus je mélange le tout avec du Rock qui a également son origine en Afrique. Prenez ça comme si vous plongiez dans un bain parfumé de différents sels aromatiques.

Jiří Moravčík

[1] Traduction littérale, il s’agit peut-être d’un jeu de mot avec l’expression « embrasser la terre » qui signifie prendre un billet de parterre.

Traduction roso (en amateur - et donc comme toutes nos traductions parfois sujette à erreurs)

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