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Sunday, April 24, 2005

2004 Le Monde Khaled Review

Thanks roso for this forgotten review of Khaled's latest album with some hint at Rachid and some interesting perspective on today's raï music by V.Mortaigne.
Merci roso pour ce compte-rendu oublié du dernier album de Khaled où l'on trouve une courte allusion au travail de Rachid et une perspective intéressante sur la musique raï d'aujourd'hui par V.Mortaigne.
"Sélection CD « Ya-Rayi » ou Khaled effacé
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 14.09.04
RAÏ
En 1998, le label Universal lançait 1, 2, 3 Soleil, un concert puis un disque rassemblant les trois « ténors » d'un genre prometteur, le raï. A l'issu du concert, personne n'aurait parié une cacahuète sur l'avenir musical de Rachid Taha, passablement effondré, déraillant et abusif, mais celui de Khaled, la voix en or du raï moderne, et celui de Faudel, jeune premier du genre dans son versant le plus variété française, semblaient assurés.
Six ans plus tard, Rachid Taha a toujours la voix au plus bas, mais il est à son summum artistique. Tekitoi ?, son nouvel album à paraître fin septembre, très rock, est un mariage réussi, énergique, entre deux continents musicaux. Mais Faudel s'est perdu et Khaled s'est absenté.

Taha par Richard Dumas 5


Car Ya-Rayi, le dernier opus très attendu de l'homme qui a imposé le raï aux oreilles vierges de cette pop oranaise héritée des cheikhates du bled, est scandaleusement pâlichon. A quoi sert de regrouper des grands noms de la production musicale (Don Was, Philippe Eidel), d'embaucher un grand pianiste du monde arabo-andalou, Maurice El Medioni, un orchestre de châabi algérois, un autre venu du Caire avec section de cordes au grand complet, à quoi sert de convoquer le joueur de cornemuse Eric Montbel, le rappeur Immotep (de IAM) en super remixeur, ou encore le guitariste de Kassav', Jacob Desvarieux ? A rien, car, dans tout ce joli tintamarre, manque l'acteur principal.
Que Khaled ait perdu ses capacités vocales, qu'il avait amples et fortes, n'est pas ce qui déroute le plus. Des artifices de studio, des techniques de chant indiquent souvent le moyen de sortir de ces impasses, proportionnées par l'âge ou encore des abus de cigarettes, de whisky ou assimilés. Ce qui dérange dans ce Ya-Rayi, c'est la transparence de Khaled, à la traîne, démotivé, habillé d'orchestrations vigoureuses qui finissent par devenir insupportables à force d'être efficaces alors que son objet principal ne l'est pas.
Un peu flamenco, bêtement dance, Yema Yema confine au pire. Comment freiner les joyeux lurons qui voudraient faire danser au soleil un Khaled qui ne pense qu'à rester planqué à l'ombre ? Essoufflé dans une course qui ne le concerne pas, Khaled retrouve un semblant de paix en revenant à ses classiques ( El-H'mam, du traditionnel El Hadj Mohamed El Anka). Un instant repris dans H'Mama (Rabah Deriasa/Blaoui Houari), le cours du fleuve Khaled est débordé par les digues de sécurité imaginées par les producteurs.
C'est Cheikha Rimitti, la déesse du raï traditionnel, qui doit bien rire. Voilà un certain temps que cette grande dame de la tradition oranaise prédit la chute des chebs vaniteux, des jeunots piqueurs de traditions, et qui n'ont plus su écouter le son profond de la flûte de bambou et les incantations chamaniques des tambours du raï.
Khaled laisse un panorama en forme de morne plaine : ce Cheb à la voix sublime, qui jouait une musique inattendue, envoûtante et moderne avec le trompettiste Safi Boutela au milieu des années 1980, a accepté les fleurs du succès occidental, en flirtant avec Jean-Jacques Goldman, en associant son large sourire à Didi ou Aïcha. Puis il a fait ce qu'on lui a dit de faire, du français, du reggae, de l'arabo-andalou, sans plus se demander qui il était.
Ya-Rayi signe l'échec de la politique commerciale de maisons de disques qui cherchent à fédérer pour vendre au plus grand nombre sans toujours ausculter l'épaisseur d'un artiste. L'artiste en question, qu'on entendra à l'occasion à l'accordéon, n'a pas non plus défendu ses propriétés privées. Le Guinéen Mory Kanté, gros succès de vente à la naissance de la catégorie world music, au début des années 1980, a vécu pareille aventure déstructurante.
Mais dans le cas Khaled, s'ajoute la déroute de la musique maghrébine dans le commerce occidental. L'appétit du public s'est amenuisé. Peut-être parce que la musique aussi est soumise à la loi des cycles. Peut-être parce que le raï, qui en était la tête de pont, s'est par trop dénaturé. Peut-être enfin pour des raisons politiques, le monde arabe enflammé par la guerre a cessé de faire rêver."
Véronique Mortaigne
(attention cet article provient du journal Le Monde et est protégé par un copyright).

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