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Tuesday, October 19, 2004

Paris, capitale des musiques du monde.

Article sympa sur le role de Paris dans la musique world et le métissage par Eliane Azoulay; on y parle pas mal de Taha.
Nice article by Eliana Azoulay on the part played by Paris in the development of world music and metissage, with much space about Taha.

"Babel des musiques du monde, la France est le terrain fertile des rencontres entre traditions et inspirations occidentales, africaines, arabes ou latines. Une scène musicale placée sous le signe du métissage, pour la plus grande joie du public.

Sur les Champs-Elysées défile un « damier rythmique » alternant tambourinaires français et sénégalais, une pyramide de percussions guinéennes, une kyrielle d'accordéons, de cornemuses et de vielles à roues venues des bords de Marne, de Bretagne, du Berry... Le tout est rondement mené par le Béninois Wally Badarou, qui a concocté une pimpante mixture de bourrée auvergnate, de gigue celtique et de youyous orientaux invitant à la ronde planante des derviches tourneurs de Turquie et à celle, rêveuse, de géantes ballerines façon boîte à musique...

Nous sommes en juillet 1989, au fameux défilé multicolore imaginé par Jean-Paul Goude pour célébrer le bicentenaire de la Révolution française. Il s'agit, le temps d'une parade, de mettre en musique, au-delà des blessures du colonialisme, l'universalisme si cher à « l'esprit français ». Et aussi d'illustrer une mondialisation galopante qui va de pair avec un goût croissant pour les racines les plus particularistes.

Paris capitale de la « world music », a-t-on clamé au début des années 90 lorsque les Anglais, les Allemands ou les Japonais venaient sur les bords de Seine découvrir le frisson d'une harpe-luth africaine, d'un luth arabe ou d'une flûte indienne. Au point qu'à l'étranger, le raï oranais (voir encadré) ou la morna cap-verdienne d'une Cesaria Evora sont souvent devenus, tout autant que le musette parisien, des symboles de la culture française.

En 1991, la chanteuse tunisienne Amina représentait la France au concours de l'Eurovision. La même année à New York, Khaled l'Algérien, Mory Kanté le Guinéen et les Gipsy Kings, gitans de la région d'Arles (sud de la France), portaient haut les couleurs du drapeau bleu, blanc, rouge, lors d'un concert du 14 juillet, à Central Park. Depuis, les années de l'Inde, du Japon ou de l'Egypte organisées en France, ont ajouté leur pierre sonore à la grande Babel des musiques du monde.

L'expression « world music » fut inventée à Londres au début des années 80, par des aficionados anglais soucieux de mettre de l'ordre dans les bacs des disquaires, où les traditions « de pays » se perdaient entre variété, jazz, rock ou musique classique. Aujourd'hui, on parle plus volontiers de « musiques du monde », en français dans le texte, après avoir hésité entre des dénominations insistant sur l'exotisme (musiques typiques), le tribalisme (musiques ethniques), le régionalisme (folklore) ou le passéisme (traditions).

L'infini brassage des cultures
En réalité, loin d'être nouveau, le phénomène remonte à la nuit des temps. Lorsque le compositeur Bartók allait à la recherche des vieilles mélodies hongroises ou que Puccini s'inspirait des traditions japonaises, ils s'adonnaient déjà au grand brassage des genres et des régions. Que font les Tziganes et les Gitans depuis leur départ de l'Inde au Xe siècle, sinon des mariages de sons en voyage ? Toutes les musiques populaires du XXe siècle sont issues de la rencontre entre l'Europe et l'Afrique, via l'esclavage en Amérique. Le blues, le jazz, le rock ont su faire cavalier seul. Le reggae et le rap sont en train de réussir la même performance. La samba, le tango ou la salsa se trouvent, pour le moment, dans la famille « monde ».

L'unique différence de fond par rapport aux siècles précédents, c'est qu'avec l'apparition de la radio, du disque, de la cassette indéfiniment reproductible, de l'avion, de la télé et du satellite, ce tour du monde des musiques s'est considérablement accéléré. En n'importe quel point du globe, il est désormais possible de puiser dans le supermarché des sons de la terre que les samplers et autres échantillonneurs mettent à la portée de tout un chacun.

Parmi les temps forts de ce grand renouveau des « chants de la terre », citons l'Exposition universelle de 1889, qui permit à Debussy de découvrir le vertige des musiques javanaises, le Bal nègre de la rue Blomet à Paris, qui dès le début du XXe siècle mit la béguine et le mambo à la mode, le mouvement folk des années 70, qui vit la grande résurrection des vocalises corses, celtiques ou berrichonnes.

A coups d'accordéon-rock distillé par quelques stars, le « piano à bretelles » est redevenu un emblème du style français après avoir été catalogué relique vieillotte. Recyclés dans des déluges de sons électroniques, les archaïques « musiques de transe » font désormais guincher des foules d'adolescents. Dans le même temps, s'affirme la vogue des musiques acoustiques, qui servent d'écrin respectueux aux raffinements les plus anciens.


worldmusic

On a pu craindre un temps que le label musiques du monde ne devienne un ghetto pour les artistes du tiers monde. Ou que les chants du Sud ne soient dévorés par le méchant loup impérialiste du Nord. En réalité, l'inspiration circule et vient plus souvent des pauvres que des riches. Parfois même, une reconnaissance occidentale permet à des styles orientaux en voie de disparition de prendre un nouveau départ.

Cures de jouvence
L'inverse est également souvent vrai. A coups d'échos de salsa, de samba ou de raï, la chanson française, le rock, le jazz s'offrent de formidables cures de jouvence (citons les musiques colorées de Manu Chao, des Rita Mitsouko, de Pascal Comelade). Même le rap commence à regarder du côté des musiques ethniques (comme le groupe Bisso Na Bisso qui revisite la rumba congolaise), donnant ainsi l'occasion aux générations issues de l'immigration, qui n'ont jamais connu le pays de leurs parents et se sentent souvent écartelées entre plusieurs cultures, de renouer avec leurs racines.

Mais c'est sans doute la techno qui propose le plus spectaculaire retour aux sources. Tout a commencé par de légers métissages, à la marge, entre l'archaïque et l'électronique attisant le flamboiement des vocalises d'Orient d'un soupçon de rythmes digitalisés (Didi de Khaled, Ya Rayah de Rachid Taha, Musti-musti de Nusrat Fateh Ali Khan ou Let The Plinn d'Alan Stivell).
Puis se sont multipliées les mixtures ethno-techno, engloutissant, avec un énorme succès, la subtilité des traditions de la brousse et de la savane dans la rigidité robotique de musiques fabriquées sur des machines (Deep Forest, Manau, Mangu). Enfin sont arrivées des productions beaucoup plus équilibrées comme le dernier album de la très kitch Natacha Atlas, qui renoue avec la verve moyen-orientale la plus glamour et propose une attrayante version techno-loukoum de Mon amie la rose de Françoise Hardy.

Au fil des ans, les reprises « world » d'anciens tubes français sont de plus en plus à la mode. Il y eut le fameux Ne me quitte pas, de Jacques Brel, en version salsa par le Colombien Yuri Buenaventura, puis la Petite Cantate, de Barbara, adaptée par la fanfare cubaine Banda Municipal de Santiago de Cuba ; et enfin Comme d'habitude, le grand succès de Claude François, chanté en français et en arabe par Khaled, Rachid Taha et Faudel, le triomphal trio d'« 1,2,3 Soleils », concert fédérateur organisé en septembre 1998 à Bercy.

Après la grande vague salsa, lancée en France par l'irrésistible nonagénaire Compay Segundo au milieu des années 90, s'annonce un engouement sans précédent pour les musiques algériennes, qui indique peut-être qu'après les Polonais et les Italiens la grande famille française commence à intégrer sa composante arabe. Désormais le fameux Aïcha écrit pour Khaled par Jean-Jacques Goldman est entonné jusque dans les banquets familiaux. Or, c'est bien connu, en France, tout commence et tout finit par une chanson !"

Eliane Azoulay
Journaliste au magazine culturel Télérama
Eliane Azoulay est l'auteur d'un guide des Musiques du monde, éd. Bayard, Paris.


"La France, terre d'accueil du raï
Qui se serait douté, lorsque le raï fit une première incursion en France, lors des festivals de Bobigny et de la Villette, en 1986, que Paris deviendrait un tremplin permettant aux musiques algériennes de conquérir le monde ? A l'époque, le blues d'Oran (Algérie) sortait à peine de la clandestinité. Poussé comme le tango argentin ou le rebetiko grec dans les bas-fonds des villes naissantes du début du siècle, il fut très vite catalogué « décadent et vulgaire ».
Pourtant ses deux sources d'inspiration sont purement traditionnelles. D'une part, la poésie bédouine - mâtinée d'improvisation sur l'actualité sociale et politique - pour flûte qasba des chiouks (les maîtres de ce genre). D'autre part, le chant âpre et grivois pour percussions, des meddahates, chanteuses des assemblées de femmes qui, avec une certaine lubricité et à la grande joie des « anciennes », initient les jouvencelles aux pièges et aux joies de l'amour.
Pratiqué d'abord dans les cabarets à hautes doses d'alcool, le raï chante crûment les plaisirs de l'amour libre et les vertiges de l'ivresse. Longtemps d'ailleurs, les hommes et les femmes l'écouteront séparément, et le plus souvent en cachette. C'est seulement lorsque les chebs (les jeunes) mettront de l'eau dans leur vin et policeront un peu leurs paroles que le raï sera admis à la radio ou à la télévision algérienne et sera écouté en famille. Désormais, parents et enfants se pressent ensemble aux concerts organisés dans les salles les plus populaires comme les plus huppées.
Il aura fallu pour cela que Khaled accepte de se plier aux règles du show-business. Lui qui fut un des premiers à introduire l'accordéon, aujourd'hui remplacé par le synthétiseur, dans une musique pour flûtes et percussions, laisse, en 1992, deux habitués des stars du rock (Don Was et Michael Brook) produire son album Khaled et nourrir de percussions dance music ses mélopées lancinantes et rugueuses. Le premier tube planétaire en arabe se trouvait dans cet album : Didi, depuis traduit en toutes sortes de langues, même en hindi et en hébreu.
Bien que Cheb Mami ait amorcé une percée avec son grand succès Mama, le seul réel dauphin de Khaled est aujourd'hui le tout jeune et très charismatique Faudel (vingt ans à peine) : grandi à Mantes-la-Jolie (en région parisienne), il fait craquer les foules avec sa désarmante gentillesse, son regard pailleté, sa voix éblouissante.
Dans le même temps, commencent à apparaître sur le devant de la scène, d'autres facettes des musiques arabes. Rachid Taha, l'ancien chanteur du groupe Carte de séjour, qui immortalisa Douce France de Charles Trenet en version « beur », rallie les foules avec sa lancinante techno inspirée du chaabi, version populaire de la très classique musique arabo-andalouse. L'Orchestre national de Barbès et le groupe Gnaoua Diffusion revisitent, eux, les musiques de transe des Gnaoua du Maroc (musicothérapeutes), au son du rock et du funk. La ronde des musiques arabes ne fait que commencer."
E. A.
http://www.diplomatie.gouv.fr/label_france/FRANCE/
DOSSIER/musique/07paris.html

kelma

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